La Comté
« Le pays s’étendait sur quarante lieues des Haut Reculés au Pont du Brandevin et sur cinquante des Landes du Nord aux marais du Sud. Les Hobbits le nommèrent la Comté, comme région placée sous l’autorité de leur Thain et district d’affaires bien ordonnées ; là, dans cet agréable coin du monde, ils menèrent l’affaire bien ordonnée de leur vie, et ils s’occupèrent de moins en moins du monde extérieur où évoluaient de sombres choses, au point qu’ils en vinrent à penser que la paix et l’abondance étaient de règle dans la Terre du Milieu et de droit pour tous les gens sensés. Ils oublièrent ou négligèrent le peu qu’ils avaient jamais su des Gardiens et des peines de ceux qui avaient rendu possible la longue paix de la Comté. S’ils étaient en fait à l’abri, ils en avaient perdu le souvenir.
Le Hobbits avaient tous vécu à l’origine dans des trous creusés dans le sol, ou tout du moins le croyaient-ils, et c’est dans de telles demeures qu’ils se sentaient le plus à l’aise ; mais avec le temps ils avaient du adopter d’autres formes d’habitations. De fait, dans la Comté au temps de Bilbon, seuls en général les plus riches et les plus pauvres maintenaient l’ancienne coutume. Les plus pauvres continuaient à vivre dans des terriers de l’espèce la plus primitive, de simples trous en vérité à une seule fenêtre ou sans fenêtre du tout ; tandis que les gens plus cossus construisaient des versions plus luxueuses des simples excavations d’autrefois. Mais les sites convenables à ces vastes tunnels ramifiés (ou smials, comme on les appelaient) ne se trouvaient pas n’importe où ; et dans les terrains plats et les régions basses, les Hobbits, à mesure qu’ils se multipliaient, commencèrent à construire en surface. En fait, même dans les régions accidentées et dans les villages les plus anciens tels que Hobbitebourg ou Bourg de Touque, ou dans la commune principale de la comté, Grand’Cave sur les Blancs-Hauts, il y avait à présent nombre de maisons de bois, de brique ou de pierre.
Peut-être l’art de construire vint-il des Elfes ou des Hommes, mais les Hobbits L’appliquèrent à leur façon. Ils n’élevèrent pas de tours. Leurs maisons étaient habituellement longues, basses et confortables. Les plus anciennes n’étaient en fait qu’une imitation bâtie des smials, couverte d’herbe sèche, de paille ou de tourbe avec des murs quelques peu bombés. Ce stade appartenait toutefois aux premiers temps de la Comté, et la construction hobbite s’était depuis longtemps modifiée, améliorée grâce à des procédés appris des Nains ou découverts par eux-mêmes. Une préférence pour les fenêtres et mêmes les portes rondes était la principale particularité subsistante de l’architecture hobbite.La Comté était divisée en quatre Quartiers : le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest ; et ceux-ci comprenaient à leur tour un certain nombre de régions qui portaient encore le nom de quelques-unes des anciennes familles marquantes, bien qu’à l’époque de cette histoire, ces noms ne se trouvassent plus seulement dans leur propre région. Presque tous les Touques vivaient encore en pays de Touque, mais ils n’étaient pas de même de maintes autres familles.
La Comté n’avait guère à cette époque de gouvernement. Les familles géraient pour la plus grande part leurs propres affaires. Faire pousser la nourriture et la consommer occupaient la majeure partie de leur temps. »Voici donc comment Tolkien décrit la Comté.
La Comté était une région rurale d'Ériador, doucement accidentée, dotée de collines, de bois, de haies dessinées par les arbustes, de fermes et de champs, d'une rivière qui serpentait, appelée tout simplement "L'Eau", et qui avait donné son nom à de petits villages endormis, munis d'auberges et de moulins à eau, par exemple Lèzeau et Hobbitbourg.
Juste au-dessus de cette dernière se dressait la colline dans le flanc de laquelle on avait bâti Cul-de-Sac, la demeure de Bilbo Sacquet. Maison peu ordinaire mais agréable, munie d'une porte ronde peinte en vert et ornée d'un brillant bouton de cuivre. Un long corridor intérieur menait aux diverses pièces dont les plus belles possédaient des fenêtres rondes, incurvées, donnant, par-delà le jardin, sur les prés.
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